Le quartier d’habitation et d’activités de Kanaal, dans une banlieue aisée d’Anvers, s’est construit à partir de la reconversion d’anciens bâtiments industriels et de la construction de bâtiments neufs. Le site est riverain d’une aire industrielle et d’un canal où passent des convois fluviaux de très grands gabarits. L’ambition de la maitrise d’ouvrage est d’y imaginer une nouvelle manière d’habiter. Le choix urbanistique des architectes Stephan Beel et Coussée Goris a conduit à une assez forte densité de bâtiments, disposés en quinconce, séparés par des cours communes.
Il était primordial d’éviter que cette composition conduise au morcellement du paysage. C’est pourquoi nous proposons un dispositif inverse : ce qui devait être des cours jardinées en réseau, est devenu un grand paysage dans lequel les bâtiments semblent avoir été disposés.
Le paysage libéré des contraintes géométriques ou d’une typologie de cour urbaine, donnent lieu à une matrice plus souple, plus ouverte et plus perméable. Plutôt que de se préoccuper d’une composition formellement hiérarchisée ou d’un style, nous avons défini les textures d’un terrain riche à partir d’une multiplicité d’éléments. Le parc procède par miniaturisation des forêts alentours. Un travail de transposition à l’échelle du quartier s’impose alors.
En effet, si à l’échelle d’un vaste territoire, la coexistence de nombreuses essences aux textures, couleurs et matières différentes, présente une certaine cohérence, leur concentration dans un petit espace serait incohérente et esthétiquement choquante. Le travail a donc consisté en une sélection botanique précise afin d’envisager les transitions d’un ensemble à la fois lisible et acceptable dans son usage. L’effet ornemental attendu vient de cette richesse des textures, et de la fidélité à une complexité maitrisée en relation étroite avec le cadre bâti environnant.
Des arbres de différentes tailles, des arbustes, des couvre-sols ont été choisis puis ont fait l’objet d’un travail de composition. Il s’agit de sculpter dans la masse végétale, strate par strate. L’implantation des boisements et des cheminements est finement maitrisée en fonction des vis-à-vis, de la lumière, des vues et de l’intimité à préserver pour les logements.
Ici, la création de vides constitue une pratique tout aussi valable que le remplissage et l’addition par l’implantation du végétal. Le vide peut susciter un sens accru de la lisibilité.
Plutôt que de suivre une composition ordonnancée, les chemins sont traités comme des passages furtifs qui rappellent certaines voies forestières. Leur érosion est acceptée d’avance. Leur mise en œuvre en béton, sans bordure ni limite nette relève d’une certaine rusticité. Elle évoque un paysage plus qu’un jardin par sa technique même.
Vervoordt Idetex
MDP Michel Desvigne Paysagiste
Stephan Beel, architecte
Coussée Goris, architectes
Bogdan & Van Broeck, architectes
Jens Aerts, architecte
2,2 ha
Projet : 2008
Réalisation Phase 1 : 2015
Réalisation Phase 2 : 2016