MARETERRA
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Face à l’exiguïté de son territoire, la Principauté de Monaco a lancé un projet d’urbanisation en mer. Mareterra, nouveau quartier de 6 hectares conçu comme la prolongation du littoral, est aujourd’hui en construction.

Ce projet fait partie d’une vision plus large, qui inclue la requalification voisine du Larvotto (conduite par les agences RPBW et MDP). Ces projets aménagent un ensemble d’espaces publics d’une grande cohérence sur 1,5 km de littoral. Ils constituent un paysage urbain unitaire, écologiquement cohérent, au caractère méditerranéen qui tranche avec les jardins exotiques de la riviera. La continuité des matériaux et des végétaux, la précision des détails tenue à une si grande échelle sont exceptionnelles. Elles relèvent d’une exigence et d’une rigueur que maitrise d’ouvrage et équipes de maitrise d’œuvre partagent scrupuleusement.

Le projet de Mareterra est très largement déterminé par la géographie naturelle, par la représentation que nous en avons. Il apparait comme une sorte de réplique des reliefs naturels. Cette extension en mer se caractérise par des dimensions et des continuités physiques qui l’apparentent à certaines presqu’îles naturelles, et permettent de la considérer comme une « unité paysagère ». Au-delà de la métaphore formelle, nous installons un sol fertile, abondant et continu, malgré l’extraordinaire complexité des infrastructures bâties et maritimes sur lesquels il est implanté.

Compte tenu des dimensions proposées, on peut légitimement considérer cette expérience comme la réintroduction d’un milieu naturel en ville. Il s’agit à la fois de l’ambition d’implanter un écosystème méditerranéen, d’offrir l’usage d’un parc et d’atteindre le raffinement miniaturisé d’un jardin. C’est un choix singulier et résolument contemporain dans cette région aux jardins exotiques réputés : celui de privilégier l’évocation du grand paysage, de la nature, plutôt que la constitution d’un décor.

Si le paysage a une forte composante végétale naturaliste, il est aussi un important tissu d’espaces publics : quais, places, gradins, rues et promenades se succèdent pour former un socle monolithique. Sur une colline artificielle se déploie un hectare de pinède ouvert au public, traversé de chemins accompagnés de fils d’eau apparents. Plus bas, autour d’un port de plaisance, se développe un quartier en surplomb, s’ouvrant vers la mer. L’ensemble de ses surfaces minérales est traité dans un matériau unique, une pierre calcaire caractéristique des espaces publics monégasques. Au contact de la mer, il offre une longue promenade rejoignant la plage du Larvotto.

La spécificité même de la nature d’une extension en mer, la création d’un milieu se voulant naturel dans un contexte totalement artificiel, a nécessité le recours à des techniques et des ingénieries très spécifiques.  L’installation d’un substrat à l’échelle d’un paysage naturel est un enjeu majeur. La végétation s’implante en fonction de son sol, de ses différentes profondeurs, de ses pentes. Une cohérence s’établit entre les reliefs artificiels, le sol créé et les formes végétales.

La topographie artificielle de la « colline » recouvrant un centre d’exposition, a donné lieu à un travail de nivellement très fin sur les épaisseurs de terre. Les profils de pentes dessinées en cohérence avec le paysage méditerranéen, offrent les conditions nécessaires à la plantation d’arbres de grandes tailles positionnés en fonction des descentes de charges possibles sur une structure de dalle, tout en intégrant réseaux de drainage et d’écoulements. Des cahiers de prescriptions sont établis suivant les mêmes critères pour garantir une continuité entre le grand paysage public et celui des jardins privés des villas situées dans le prolongement de la colline, face à la mer.

Le projet de l’extension en mer, et plus particulièrement le projet de paysage, s’inscrit dans un processus de développement sur plusieurs années. Le temps du développement du programme de construction est mis à profit pour cultiver et préparer la végétation qui sera plantée dans les dernières années du chantier. Un contrat de culture a permis de regrouper les végétaux sélectionnés en pépinières, pour les acclimater sur un site en bord de mer.  Il s’agit d’une opération d’envergure, notamment pour le millier d’arbres à grand développement, principalement pins d’Alep et pins parasols, qui dépasseront 10m de hauteur au moment d’être transplantés sur le site de Mareterra.

La préfabrication de ce paysage est garantie par un suivi méticuleux, un entretien soigné et une sélection menés conjointement par notre équipe, des pépiniéristes et des ingénieurs spécialistes en botanique et terres fertiles. Il s’accompagne de la réalisation de prototypes réalisés in situ et de cahiers d’entretien détaillant avec précisions les modalités des futures mises en œuvre, les systèmes d’ancrage, de plantation, d’arrosage ainsi que l’intégration des gaines techniques, des bouches d’incendie, l’interface avec les différents calepinages au sol.

data
Année :
2015
Statut :
En cours
Programme :
Quartiers et stratégies urbaines, Espaces publics
Maîtrise d'ouvrage :

Groupement de la SAM L’Anse du Portier

Équipe :

MDP Michel Desvigne Paysagiste
RPBW Renzo Piano Building Workshop
Valode & Pistre Architectes
Alexandre Giraldi
Patrick Raymond
Emmanuel Deverini
Olivier Deverini
Bouygues
Oasiis
Somibat
Tractebel
Creaplan
JBSNEF

Superficie :

6 ha