L’île Seguin, située au cœur d’un  ensemble exceptionnel de parcs et de jardins, s’inscrit dans le paysage de la Seine. Sa surface, modeste en regard de celle des grands parcs voisins, la désigne comme un espace public urbain. Il est commun de la comparer à un gigantesque navire. Sa beauté est liée à son échelle et à une sorte de « démesure ». Anciennement occupée par l’industrie, le socle et l’artifice de sa construction donnent toute sa qualité au site. Selon nous, ce socle fonde l’essence et les formes des futurs espaces publics.

Nous avons décrypté, superposé et croisé les nombreux relevés des fondations de l’île pour transposer la matière même du socle. L’image d’un paysage possible, qui résulte de ce processus graphique d’observation, se traduit en une mosaïque de surfaces minérales et plantées, et en une strate d’arbres. L’implantation pointilliste de ces derniers reprend et soulige les différentes densités des structures souterraines.

Le statut des futurs espaces publics est intermédiaire, entre place et jardin. L’agencement de très grandes dalles de béton dessine les jardins creux. Ces dalles incluent les voies et les surfaces fonctionnelles ; elles permettent des usages intensifs et l’implantation flexible de nombreux programmes.

Les jardins creux sont des lieux précieux dont l’accès est contrôlable et déterminé. Les formes des plantations relèvent de l’artifice construit, leur matière au contraire évoque une nature plus libre.

Ces espaces publics conservent dans leur architecture la mémoire de la construction de l’île et de ses multiples transformations.