Le projet Canal Seine-Nord Europe porte sur le maillon français de la liaison européenne Seine. Il permettra un développement important des axes Le Havre-Paris-Lille-Dunkerque et Le Havre-Paris-Lille-Rotterdam-Anvers (dont la saturation routière est avérée). Ce projet s’inscrit dans une politique des pouvoirs publics en faveur du report modal et la mise en œuvre d’objectifs de développement durable. Il est un vecteur de développement économique de l’ensemble des régions concernées par son tracé (Haute-Normandie, Ile-de-France, Picardie et Nord-Pas de Calais). Il constitue, enfin, une ouverture au marché européen pour les transporteurs.
Au sein d’un groupement de bureaux d’études sélectionnés, une mission nous est confiée pour constituer dans un délai très bref (17 mois) et remettre fin 2007 un dossier d’avant-projet au Gouvernement et à la déclaration d’utilité publique. Au-delà des éléments d’analyse qui permettent d’orienter les choix des variantes de tracés, le plan directeur de paysage est l’occasion de définir des principes esthétiques pour la constitution du paysage construit du canal.
D’une manière très simplificatrice, une vision générale du paysage construit du canal Seine Nord peut se résumer ainsi : Les abords du canal constituent une sorte de promenade jardinée. Il s’agit de vastes paysages de prairies fleuries ponctuées d’arbres exceptionnels. Ces prairies sont changeantes et marquent le passage des saisons. Autour de cette promenade on découvre un paysage agricole vaste, ouvert et préservé, constellé de villages et de bois. Les bois proches du canal sont autant de parcs qui renforcent l’attrait de la promenade pour les habitants comme pour les visiteurs.
Les principales problématiques concernent les grandes transformations de la topographie, les éventuelles couvertures végétales des terrassements et la transformation du parcellaire agricole. Les problématiques, tout comme les orientations, se précisent selon les différentes échelles considérées. Les cohérences physiques ne se répercutent pas homothétiquement d’une échelle à l’autre.
Par exemple, en termes de mouvements de terre, l’orientation que nous privilégions est de concevoir les modelés et notamment les très importants dépôts, le plus en cohérence possible avec la géomorphologie des sites traversés. Ceci se traduit, à grande échelle, par une légère amplification des ondulations topographiques existantes. A plus petite échelles, vallons et ramifications de vallées ne doivent pas être « dénaturées ». Au contraire de ce que nous proposons pour les vastes ondulations, nous pensons que les ouvrages artificiels doivent y être explicitement implantés en contraste avec les formes naturelles des vallons traversés. Ainsi une digue qui traverse un vallon est acceptable, un vallon qui se refermerait « naturellement » serait incompréhensible.
De même, à l’échelle territoriale, l’obligation d’une couverture végétale pour les impressionnants mouvements de sol comporte intrinsèquement le risque de créer une sorte de bourrelet continu incohérent avec les paysages traversés. Nous proposons le développement de praires écologiques fleuries, variable selon les situations de sol, de pente et d’exposition. Ces praires sont avant tout un mode de gestion de surfaces non agricoles. Elles prennent également en compte les ponctuations existantes de boisements qui nécessitent parfois d’être à leur tour renforcés.
C’est l’une des difficultés de l’exercice, presque paradoxal à double échelle : ces gigantesques paysages artificiels perçus par le piéton ne sont cependant presque pas visibles sur la carte où, bien au contraire, il s’agit de conserver les logiques naturelles de la géomorphologie.
VNF Voies Navigables de France
MDP Michel Desvigne Paysagiste
Coyne et Bellier, ingénieurs conseils
Tractebel, ingénieurs
Compagnie Nationale du Rhône
Technum, ingénieurs
105 km de long