Au sein de l’équipe pluridisciplinaire dirigée par Jean Nouvel dans le cadre de la consultation sur le Grand Paris, cette étude a développé une proposition pour la requalification des 800 kilomètres de lisières de l’agglomération parisienne. Cette rive assemble aujourd’hui deux marges de peu de qualité, le plus souvent matérialisées par un simple grillage séparant l’habitat pavillonnaire de l’agriculture extensive.
Nous proposons d’articuler ces deux mondes par l’entremise d’un milieu singulier, en donnant à cette ligne mince qui les sépare une épaisseur. Ce milieu doit à la fois faire appel aux pratiques et aux techniques empruntées au monde de l’agriculture, et pallier les déficits en espaces publics de la périphérie urbaine. Il s’agit bien moins d’offrir une « jolie campagne », utopique et mièvre, que de concilier là des pratiques et des usages qui font défaut dans chacun des deux mondes.
Sa mise en place demande une gouvernance : nous pensons à une « loi lisière » qui s’appuie sur la loi de 2005 visant à la protection des espaces agricoles et naturels périurbaine, et qui prenne modèle de la loi Littoral. Cela revient à construire une politique qui s’accompagne d’effets physiques. Ceux-ci se mesurent à l’invention d’un paysage à la fois continu et très divers, à un ourlet qui offre de nouveaux horizons.
Côté ville, il marque une ouverture et la fin d’une frontière. Public, il met en relation, et permet de sortir de la logique de camp. Sa simple existence a des effets en profondeur. Les rues en culs de sac mènent à des espaces partagés. Elles s’en trouvent modifiées en perdant leur statut de rues publiques d’usage privé.
Côté campagne, la même dilatation appliquée à la limite entre deux propriétés foncières, quand n’existent pas de chemins, crée un réseau nécessaire à l’accessibilité à ces « champs urbains » et multiplie les opportunités d’invention.
Les outils sont donc simples et peu nombreux. Ils peuvent être rapidement mis en place. L’opportunité est là. Les effets sont colossaux, si l’on pense au déployé de ces lisières.
État, Ville de Paris, Région Île-de-France et Association des maires d’Île-de-France
Michel Desvigne, Paysagiste
AJN Jean Nouvel, Architectes (mandataire)
AREP Jean-Marie Duthilleul
ACD Michel Cantal-Dupart
84200 ha