Les étangs Gobert, anciens bassins de retenu destinés à alimenter les fontaines du Château de Versailles, sont transformés en un nouvel espace public. L’intervention repose sur une grande retenue, afin de respecter la nature hybride de ce lieu reconquis par une végétation spontanée, et pour conforter sa présence au cœur de la ville.
A l’extrémité de l’avenue de Sceaux, les étangs Gobert sont transformés en un lieu de passage entre le quartier St-Louis et la gare Versailles Chantier. Historiquement, les étangs faisaient partie du système hydraulique du domaine de Versailles. Il ne s’agissait pas à proprement parler d’étangs, mais de bassins collectant les eaux en provenance du plateau de Saclay, à destination des fontaines en partie basse du parc du château. L’ouvrage fut modifié par la création des voies ferrées de la gare voisine et perdit sa fonction hydraulique à la fin du siècle dernier. Une nature s’est alors installée dans le site en friche. Avant notre intervention, il nous est apparu comme un ouvrage technique à l’abandon, et une présence substantielle de nature à Versailles.
Leur emplacement - dans l’axe de l’avenue de Sceaux - est ambigu. L’intervention risquait de s’orienter vers la réalisation d’un objet architectural classique. En aucun cas nous ne devions donner au lieu ce statut de jardin historique. Il était au contraire impératif de conserver son double caractère, de tirer parti du réservoir rectangulaire ; ce dernier forme une digue encadrant un jardin naturaliste en creux dont on peut faire le tour. La taille du site est à l’échelle d’un carré du Potager du Roi et de certains bosquets du Parc. Sa topographie, ses proportions offrent d’emblée un intérêt particulier ; l’évidence spatiale de l’étang carré et de sa promenade haute.
Avec le temps, l’ensemble du site a été envahi par un petit bois dense spontané. Nous nous sommes livrés à un exercice minimaliste : sculpter ce « petit bois » pour le rendre accessible au public. En jouant sur les densités, les pleins et les vides, nous avons composé des bosquets et des clairières pour démultiplier les lieux. Quelques sujets ont été replantés pour assurer la pérennité de ces bosquets. La palette végétale respecte la flore pionnière (merisiers, charmes, érables, chênes...). Il ne s’agit pas d’une fascination pour la friche mais plutôt d’une « domestication architecturale » offrant de nouveaux lieux publics, comme cette intégration d’un terrain de sport dans une charmille.
L’entrée principale prolonge l’avenue de Sceaux. Une allée et un escalier permettent de rejoindre la promenade autour du jardin. La géométrie de l’ouvrage est respectée, mais l’écriture évite tout plagiat des allées de Le Notre et Mansart. Comme pour l’ensemble du projet, l’intervention très simple consiste en la seule installation d’une nature dans un ouvrage technique. Il s’agit plus de la transformation et de la recomposition d’un boisement que de la création d’un jardin public commun.
Ville de Versailles
Michel Desvigne Paysagiste
Inessa Hansch Architecte
Ville de Versailles
1,44 ha
Sols minéraux : stabilisé renforcé (promenade haute), béton désactivé (chemins), enrobé clair (terrain de sport)
Sols végétaux : pelouse (clairière centrale de l’étang), prairie avec mélange spécifique (promenade haute), lierre couvre-sol (talus)Dimensions : Surface totale = 14 000 m² (1,4 ha)
Surface de l’étang carré = 6400 m² (94 m x 68 m)
Surface de la clairière centrale de l’étang carré = 2500 m²
Linéaire de murs rénovés (étang, voie verte) = 750 m
Linéaire de voie verte créé = 200 m
Longueur de la promenade haute = 375 mTrames et densités : Bosquets = sélection des arbres existants avec densité variable et moyenne de 1 arbre pour 4 m² environ
Talus = plantation selon trame aléatoire et avec densité de 1 arbre pour 5 m² environ
Charmille = plantation selon trame régulière avec densité moyenne de 1 arbre pour 2,5 m²
Entrée = plantation selon trame aléatoire avec densité moyenne de 1 arbre pour 25 m²