Le tissu urbain de Prato tire sa singularité de son extrême régularité. Sa grille orthogonale héritée du cardo/decumanus, frappe par sa permanence et par l’ampleur de son déploiement spatial et temporel. Du cœur historique aux périphéries industrielles et agricoles, elle s’est profondément ancrée dans le paysage. Grâce à sa juste mesure et son adaptabilité, elle dicte encore aujourd’hui le cadre et le dimensionnement homogène des surfaces bâties, des îlots industriels, des parcelles horticoles. Habitations, fabriques artisanales, entrepôts, vergers et potagers… les imbrications sont denses et couvrent le territoire d’une texture utilitaire complexe mais harmonieuse, d’une très grande lisibilité.
Pour retrouver la mesure de cette trame, les trois hectares libérés au cœur des remparts ne peuvent être un vide. Ce projet structure le site afin de l’inscrire pleinement dans l’ordre existant.
Le parc présente une composition végétale et minérale élaborée à partir de l’interprétation plastique d’une cartographie singulière. Les vues aériennes de Prato, qui donnent à voir ces chapelets de plantations et de fabriques étriquées, sont décryptées, superposées, croisées… nous en extrayons le rythme et le motif qui organise la matière de la ville ; ils servent alors de matrice pour imaginer le paysage possible d’un parc.
Ce processus graphique aboutit à l’agencement géométrique de surfaces minérales et plantées, rigoureusement délimitées par des haies sculpturales. Ces coulisses séquencent le site suivant des axes parallèles au cardo. Le parc est dominé par une haute strate arborée (les plantations libres viennent s’ajouter aux sujets conservés).
Il ne s’agit pas là d’une transposition simpliste d’un phénomène urbain et de ses traces. C’est un jeu créatif à partir de la mémoire et des formes urbaines originelles. Détournées, ces formes tendent vers l’abstraction pour constituer un système propre au site mais parfaitement articulé - dans les circulations et les dimensions qu’il propose - à son contexte.
Le parc évoque tout autant les tracés de Prato que ceux des jardins italiens de la Renaissance, réglés par les perspectives, les treilles et les charmilles. Il réinterprète dans un langage contemporain et abstrait les grands principes de compositions classique. Les éléments - le végétal, le minéral et l’eau – dialoguent ici pour créer des espaces architecturés qui abritent des éléments artistiques.
Au sud, un bassin peu profond courre le long du rempart et met le spectateur à distance des vestiges. Artifice baroque, l’eau reflète le mur médiéval : il le dédouble dans sa hauteur et accentue sa monumentalité.
Les haies séquencées multiplient les points de fuites et les bifurcations possibles. Elles articulent entre eux des espaces dont les dimensions sont comparables à celles des places publiques du centre historique.
Au pied des remparts, le parc constitue ainsi une porte majeure par laquelle on gagne ensuite les ruelles étroites du centre historique de Prato. Il est un lieu où l’on peut d’ores et déjà appréhender l’échelle intime et l’ordonnancement rationnel du centre historique.
Ces jardins éclatés accueillent une végétation particulière qui fait écho à la programmation artistique du site. Sur l’Avenue de la République se trouve en effet le Centre Luigi Pecci. C’est dans une volonté de prolonger cet espace intramuros et de s’inscrire dans une dynamique culturelle propre à la ville que nous proposons pour le parc une programmation étroitement liée à l’art contemporain.
Au nord du site, le bâtiment est une architecture de plain-pied ouvert sur le parc. Elle accueille, outre des restaurants et des services liés aux usages du site, des vastes espaces dédiés aux expositions et aux ateliers artistiques temporaires.
Le parc lui-même acquiert ce statut de musée à ciel ouvert. Au cœur du parc sont exposés les sculptures contemporaines et des plantations remarquables. Les végétaux y sont choisis pour leurs qualités esthétiques, leurs couleurs, leurs exubérances et non pour leurs propriétés botaniques. Ainsi exposées, ces curiosités naturelles accèdent au rang d’œuvres d’art.
Comune di Prato
MDP Michel Desvigne Paysagiste (mandataire)
OBR
Intertecno
3,3 ha