Certaines parties de l'Oberland bernois doivent absolument être préservées de l'urbanisation anonyme et interchangeable. Le modèle si répandu de l’étalement de maisons résidentielles dépourvu d’espaces publics ne peut pas constituer une réponse acceptable en terme d’aménagement. Ce site extraordinaire exige quelque chose de spécifique, une forme à grande échelle en cohérence avec le puissant paysage alpin qui l’entoure.

Dans son usage, le développement d’un quartier au cœur du delta de Kander doit selon nous concilier usages privés et publics. Notre proposition consiste à la fois en un nouveau quartier résidentiel à la géographie singulière, et un grand espace public. Au lieu de limiter l’accès public du futur quartier à la seule rive du lac, nous proposons qu’un vaste parc, représentant 30% de l'emprise au sol, soit le support physique de ce nouveau quartier.

Le site est l'un des trois segments identifiables de la plaine du delta de Kander, comprenant la rivière centrale, les dépôts alluviens du delta, la forêt ainsi que l'embouchure du lac au nord-est. Le projet prévoit d’amplifier la géographie existante en réinterprétant les structures paysagères déjà présentes. Il ne s’agit pas d'imiter les formes que l'on retrouve dans la nature, mais d’en proposer une transposition, un ancrage dans une géographie réelle tel que l’ensemble bâti associe géographie naturelle et compositions paysagères et urbaines.

À première vue, le parc ressemble à une autre rive du delta. Pragmatiquement, les lits de gravier transposés deviennent des routes et des sentiers piétonniers, la plaine du delta avec ses prairies et ses alluvions devient un parc public composé de pelouses récréatives, de plages fluviales et lacustres. Un lit de rivière conçu pour accepter une proportion contrôlée de la crue saisonnière de la rivière, donne vie à ce segment du delta, nourrissant l'écosystème riverain, les milieux humides et les prairies.