La transformation du paysage de la Plaine du Var apparaît comme un préalable nécessaire à tout projet urbain. Il s’agit de créer, en amont, un paysage singulier et unitaire qui confère à ce territoire une identité aussi forte que celle du littoral et des collines environnantes.

Les digues, grandes infrastructures, et les ruines des pratiques agricoles – occupations profanes qui marquent ce paysage – nous figurent que seules des transformations puissantes et curieusement un certain artifice, sont à même de redonner vie à cette vallée. L’erreur serait de prétendre pouvoir y restaurer un pseudo milieu naturel perdu depuis longtemps. Nous préférons nous référer à la notion d’«embellissement » pour composer un nouveau paysage qui valorisera la plaine. Il s’agira d’installer une « nature » réinterprétée, artificielle mais surtout spectaculaire et puissante.

Il s’agit de concevoir ce territoire dans une vision géographique vaste, susceptible de rendre à nouveau perceptibles et sensibles les proportions du fleuve, de ses vallons alluviaux. Le projet prend en compte les formes existantes, naturelles et cultivées, laissées en déshérence ou déjà bâties, et intègre les mouvements hydrauliques, la topographie liée aux écoulements des eaux.

Les digues notamment sont conservées, puis de part et d’autre sont localisés des îlots constructibles, incorporant l’habitat existant. Le jeu de transposition des éléments naturels crée une autre réalité, d’une masse et d’une forme importantes, rassurantes, qui donne un sens au vide. En fabricant des îlots densément construits, placés dans des « situations de quai », induites par la configuration du site, il est possible de donner du territoire une image que tout le monde peut comprendre et une présence physique cohérente, prenant aussi en compte les infrastructures, pour des usages éminemment urbains.