ALTERNANCE : DESSINS DE TERRITOIRES ET REALISATION DE PROTOTYPES
1986-1990

Simultanément à mes recherches romaines, je rencontre Renzo Piano qui me propose de collaborer à quelques projets, en particulier à la transformation d’une double baie sur l’Adriatique, près de Trieste. Cette carrière abandonnée doit être transformée en site hôtelier et en baignade. Je propose d’exploiter la petite marée du nord de l’Adriatique pour créer une succession de bassins dont les niveaux fluctuent avec le sac et le ressac. C’est un paysage construit qui varie en permanence comme la métaphore d’un cycle biologique.

Pendant ces quelques années de collaboration, il y a alternance entre des dessins de vastes territoires et la réalisation de petits prototypes, comme par exemple le jardin de la rue de Meaux à Paris, un patio à Naples ou encore le jardin d’un musée à Newport en Californie. J’utilise ces petites réalisations pour expérimenter des dispositifs que nous avons imaginés développer pour de grands territoires (densité, gestion de la croissance…). J’envisage ensuite la transformation (souvent lointaine, hypothétique ou aléatoire) des grands sites avec la « mesure » de ces expériences et avec, pour les deux échelles, le même désir de « réalité » et « d’architecture ».

Je suis, comme tous, ébahi et transformé par la maîtrise du processus de projet de Renzo Piano. Alternance d’observations, d’intuitions et de dispositifs de vérifications empiriques, le développement des projets est à l’image de la méthode expérimentale de Claude Bernard. Le résultat de ces processus est parfois une véritable invention.