ENSEIGNEMENT A HARVARD – LES DELAISSES URBAINS DE BOSTON
USA 1998-2000

Actualité et pertinence des systèmes de parcs de F. L. Olmsted 
Si les systèmes de parcs américains du xixe siècle ont servi parfois de structure à la croissance des villes, leur typologie est transposable, à rebours, pour constituer une structure aux étalements urbains contemporains. Les vestiges de la géographie, les faisceaux d’infrastructures et les sites industriels sont les lieux possibles de cette reconquête.

(Re)considération de la hiérarchie entre traces historiques et ensembles géographiques.
Une esthétique des traces s’est développée. Il existe le risque d’un nouveau formalisme, le danger d’une sorte de recette qui se substitue au projet même. La puissance des systèmes de parcs de F. L. Olmsted, exacerbant les maigres géographies de Boston ou Minneapolis, me convainc de reconsidérer la hiérarchie entre traces et géographie.

Avec les étudiants de la Graduate School of Design (GSD) de Harvard, nous travaillons sur les délaissés urbains de Boston. Nous cartographions les espaces à l’abandon, sans usage, sans affectation. Nous estimons ces surfaces à environ trente pour cent du territoire. Ce sont les lieux de l’industrie en mutation, situés principalement le long des grandes infrastructures. En l’absence de volonté publique, ils restent à l’abandon vingt à trente ans. En simplifiant à l’extrême, il existe une sorte de jachère périurbaine qui occupe un tiers des surfaces, dure vingt ans et se déplace. Pour agir sans attendre sur le territoire, le contrôler collectivement, nous développons des hypothèses pragmatiques, pratiquement sans moyens, avec une attitude semblable à notre démarche à Greenwich. Au lieu de chercher à structurer les vides en y superposant un ordre de composition, les projets élaborent une nouvelle géographie par des moyens modestes : redonner une fertilité au sol, le décontaminer sur place, y détourner les eaux d’orage, proposer un mode de gestion sur une longue durée. Avant que des projets substantiels ne prennent forme, il est au moins possible de profiter de cette vacance pour qu’une sorte de nature s’installe dans la ville, une nature intermédiaire qui éventuellement redessine la géographie. Les étudiants ont envisagé divers développements sur ces terrains à l’abandon, avec un usage de l’écologie pragmatique, à l’américaine, ni idéologique, ni romantique mais utilitaire, comme une sorte de petite agriculture urbaine