Dans la perspective de l'axe historique tracé par le Nôtre, le projet transforme l’Esplanade de la Défense en un vaste parc et complète ainsi une séquence de jardins parisiens emblématiques (les Tuileries, les jardins des Champs Elysées). Il joue avec les tracés imaginés dans les années 70’ par le paysagiste américain Dan Kiley afin d’adapter cet espace public monumental aux mutations récentes des quartiers de la Défense (mixité croissante en faveur du résidentiel, ambitions de gestions écologiques et de diversification des pratiques des espaces publics, développement des déplacements doux, mise aux normes PMR…).
Quatre objectifs orientent le dessin :
- L’établissement d’un dialogue respectueux avec l’existant. Dan Kiley avait inscrit formellement l’Esplanade dans un plus un large contexte en l’organisant par un plan régulier et un motif de plantations tramées en écho aux travaux de le Nôtre. Il actualisait une écriture « à la française » alors délaissée par les paysagistes européens. Intervenir dans ce contexte ne peut s’envisager sans porter un regard humble et attentif aux propositions de Dan Kiley et sans se nourrir de ses références. Le Parc cherche à magnifier cet héritage par un jeu constant entre nouveaux et anciens tracés, plantations existantes et complémentaires.
- L’introduction d’une diversité végétale sur la dalle. Le projet prend le parti d’une renaturation ambitieuse, et opère une inversion de la distribution actuelle entre surfaces minérales et végétales. 70 % du périmètre d’intervention est végétalisé et perméable, 30 % est conservé en surface minérale pour les déambulations piétonnes. Le patrimoine arboré existant est préservé. La renaturation passe par l’introduction de masses arbustives et de carrés fleuris qui répondent à des objectifs écologiques et de confort d’usages.
- La simplification de la topographie de l’ancienne esplanade, afin de rétablir la lisibilité et l’unité du site, de faciliter les déplacements doux et d’assurer l’accessibilité pour tous.
- La création de lieux équipés aux échelles appropriées, pour répondre aux besoins des travailleurs, des promeneurs, des habitants. Les séquences paysagères introduites facilitent l’articulation harmonieuse des espaces aux usages variés, intenses ou apaisés.
Un socle arbustif sculpté
La structure du parc présente un ordre régulier d’une grande cohérence, inspiré des jardins classiques. Une pelouse est installée dans la perspective. Ce socle végétalisé unitaire est subdivisé en pièces paysagères de tailles plus réduites délimitées par des haies arbustives transversales et des parterres fleuris.
Cette végétation intermédiaire créer des salles d’échelles plus intimes, appropriées aux usages du quotidien. Les strates relativement basses (les arbustes respectent une hauteur maximale de 1,10 m) ne viennent pas occulter la perspective sur Paris. Chaque carré de pelouse ou de stabilisé devient le support flexible de pratiques récréatives.
La distribution et les palettes des plantations ont été élaborées en étroite relation avec les écologues afin de répondre aux conditions d’exposition (vents, ensoleillement), aux contraintes hydriques et aux épaisseurs de terre. Ces dernières varient en fonction des limites de charge de la dalle et participent au dessin des pièces plantées. Au-delà de leur caractère ornemental ces poches foisonnantes composent une collection d’écosystèmes miniaturisés. Les associations botaniques présentent des qualités esthétiques uniques (textures, couleurs) et sont autant de niches favorables à la biodiversité.
De part et d’autre de la pelouse, les mails de platanes existants sont conservés. Le sous-bois ombragé est organisé en correspondance de l’espace central : il abrite une suite de placettes en stabilisé agrémentées de mobiliers urbains spécifiques. Les strates arborées et arbustives sont taillées 1 à 2 fois par an. La rigueur de l’ordonnancement est rompue par le port libre des arbres. Cet entretien naturaliste engendre une évolution forte du paysage de la dalle.
Une topographie simplifiée pour garantir l’unité et l’accessibilité
La dépression qui caractérise la promenade de la Place Basse à la Fontaine Takis génère une rupture linéaire importante dans l’espace public et constitue une entrave à la fluidité des déplacements. La topographie est réhaussée afin de s’inscrire dans la continuité des promenades latérales. Cette mise à niveau prend en compte les contraintes liées à la structure du tablier, elle permet d’augmenter ponctuellement les épaisseurs de terre disponibles pour les plantations.
Une eau fédératrice
Un dispositif de fontainerie anime et accroit le confort du parc en période estivale. Des pièces d’eau transversales sont positionnées à chaque palier, en amont des différentes séquences paysagères. Elles sont reliées entre elles par de discrets canaux qui accompagnent les cheminements piétons. Cette irrigation s’inspire des projets de Dan Kiley et participe à inscrire le parc dans la logique des pièces d’eau ponctuant la Défense. Les bassins successifs mettent en scène les chambres de verdure, leur apporte de la fraîcheur ainsi qu’une ambiance sonore diffuse, prolongeant le récit entre les fontaines Agam et Takis.
Paris - La Défense
MDP Michel Desvigne Paysagiste (mandataire)
Arcadis
Urban Ecoscop
Ville Ouverte
JML
8’18’’
6 ha