Sur le plateau de Kirchberg, les architectures remarquables des grandes institutions européennes et luxembourgeoises s’inscrivent dans un environnement paysager remarquable. Les coteaux escarpés et densément plantés ceinturent le plateau d’une couronne boisée imposante. Le végétal et la topographie composent ainsi un écrin de verdure naturaliste à l’ensemble architectural. Ils en soulignent physiquement la présence et en renforcent les caractères institutionnel et culturel exceptionnels.
Les trois silhouettes monumentales des tours de la CJUE dominent ce paysage. L’architecte Dominique Perrault en a conçu les extensions successives depuis 1996. A la suite de l’édification de la troisième tour, destinée à accueillir les bureaux des juristes linguistes, Michel Desvigne Paysagiste s’est vu confier la conception d’un jardin provisoire dédié au multilinguisme. Au sommet du nouvel édifice, un belvédère terrasse offre un point de vue étendu sur les coteaux boisés et des champs agricoles du paysage luxembourgeois. Au sol, jouxtant le parvis, le jardin en proposera une «miniaturisation », à la fois familière et différente. Le projet se réfère à la typologie des paysages agricoles en jouant avec ses composantes caractéristiques que sont les lignes de plantations. Une trame régulière d’arbustes d’essences diverses se déploiera sur une vaste pelouse, entrecoupée de parcelles de vergers et de clairières. Perceptible depuis deux points de vue différents, ce jardin offrira aux visiteurs deux expériences singulières : la vue plongeante depuis les tours, et la perception dynamique, cinétique, depuis le jardin même.
Depuis la tour, la composition générale du site sera évidente, parfaitement lisible. Sur ce sol continu, la fine trame de végétaux dessinera des tracés graphiques comparables aux sillons agricoles qui domestiquent le paysage et lui font prendre forme. La transposition de cette écriture culturale élémentaire est ici précisément mesurée, ses dimensions adaptées aux usages, à l’entretien du jardin et à sa perception depuis une vue en surplomb.
Au sol, l’expérience sera radicalement différente. Le jardin nous apparaitra comme une sorte de labyrinthe, multipliant les situations et les perspectives sur les tours de la CJUE. Le chemin reliant les 3 entrées majeures, du boulevard au parvis, permettra de parcourir les pièces végétales destinées à l’accueil d’événements festifs et culturels, de mobiliers exceptionnels, d’oeuvres d’art. Son tracé a été minutieusement ajusté à une topographie douce et régulière. La déclivité du site y sera à peine perceptible. Les trames végétales géométriques donneront à voir un paysage riche en textures et en couleurs, évolutif au rythme des saisons. Les parcelles de vergers créeront des lieux plus intimes échappant au regard depuis les tours. Les entrées du site seront mises en scène par les bosquets d’arbres existants complétés de nouveaux sujets forestiers. Au coeur du jardin, les vergers seront organisés en cinq ensembles d’arbres ornementaux et de fruitiers caractéristiques du paysage arboricole luxembourgeois. A l’ombre de ces arbres, un mélange de vivaces locales sera semé. Sa fauche tardive préservera la biodiversité en place et permettra aux plantes de compléter leurs cycles naturels.
Le jardin accueillera des animations ayant pour thème le multilinguisme et sera jalonné d’éléments signifiants rappelant la diversité linguistique de l’Union Européenne. Son chemin sinueux sera engravé de lettres des différents alphabets et encadré de 25 stèles en acier corten traitant chacune, dans l’une des 24 langues de l’UE ainsi que le luxembourgeois, du multilinguisme. Ce dernier sera également matérialisé par un bosquet de 25 arbres et des citations gravées sur le mobilier urbain. Une ancienne guérite de la CJUE sera transformée en cabine d’interprétation. Implantée dans le jardin, elle constituera un point d’information pédagogique et le support ponctuel d’événements culturels.
Fonds d’urbanisation et d’aménagement du plateau de Kirchberg
MDP Michel Desvigne Paysagiste
Espace et Paysages
1,2 ha