En 2003, la ville de Londres a fait acte de candidature pour accueillir les jeux olympiques. Le site est familier : en vis à vis de la péninsule de Greenwich, la vallée d’un affluant de la tamise aujourd’hui canalisé est un gigantesque territoire. Il s’agit d’une périphérie avec son industrie à l’abandon, ses terrains vagues et ses gigantesques infrastructures.
La transformation de ce territoire sera surtout l’occasion de requalifier ce qui est alors une grande déchirure dans la ville.

Nous proposons un système de parcs, fondé sur les vestiges du réseau hydrographique, reliant les délaissés en continuum, et composant le paysage des grandes circulations. Ce faisceau de cordons forestiers, prairies, marais et plans d’eau détermine des îles constructibles et amorce la requalification des quartiers qui le bordent.
Cette proposition qui permet l’accueil de sites olympiques, est relativement convenue.
Sa dimension ne l’est pas cependant : la transformation de ce territoire « urbain » s’étire sur un linéaire d’environ dix kilomètres. Cette dimension surprend car elle n’est pas celle des projets contemporains : la péninsule de Greenwich est quatre fois plus petite.
Pourtant, à l’échelle de la périphérie de Londres et de son gigantesque étalement, cette structure n’est qu’une amorce. C’est aussi une structure mineure si on la compare à celle des réalisations américaines du XIX^e siècle pour des villes cinq fois moins peuplées.

Cette situation nous apparaît paradoxale : nous tissons de formidables réseaux d’autoroutes et de voies ferrées, mais nous répugnons à doter la périphérie de nos villes de structures qui dépassent la distance qui sépare deux ronds-points. Cette  « accommodation » de l ‘échelle nous semble être un enjeu théorique majeur de l’architecture du territoire.