Un projet d’aménagement des territoires de la Rive Droite
Le Parc aux angéliques que nous développons sur la rive droite de Bordeaux est le fruit d’un long processus. Familiers du territoire bordelais sur lequel nous travaillons depuis plus de 14 ans, nous avons remanié les approches habituelles pour nous accorder aux temps longs de la ville et du territoire.
Dans le cadre de la charte du paysage de la ville de Bordeaux (2002), nous avons été amenés à réfléchir au plan Garonne. Ce faisant l’idée d’un parc en centre-ville a émergé. Sa mise au point sur la rive droite a été progressive. Son écriture est particulière : il s’agit d’une pensée paysagère au service de la fabrication des grands territoires. Elle emprunte une forme de rusticité qui va à l’essentiel et qui structure l’avenir durablement en s’adaptant progressivement aux évolutions du site en transformation. Nous contribuons ainsi à la recomposition d’un centre-ville et à transformer son usage par la création d’un très grand parc.
La transformation de la rive droite, comme toute mutation urbaine, durera plusieurs dizaines d’années. Dès l’origine, le projet prévoit un processus très pragmatique de substitutions progressives : suivant les opportunités, chaque surface acquise par la Ville doit immédiatement être plantée. La matière paysagère proposée est ainsi constituée d’une accumulation de boisements qui, nécessairement, porteront la trace du temps. Les différentes phases de plantation souligneront l'échelonnement de ces acquisitions sucessives. Ces diverses phases se liront comme dans une forêt découpée en quadrillages d’exploitation, avec des carrés vides d’où les arbres sont absents, des carrés « jeunes » avec des arbres en phase de croissance, des carrés « vieux » avec des arbres au stade de maturité.
Le Parc aux angéliques
Le Parc aux Angéliques est un projet emblématique. Il concrétise une idée qui fait sens dans la société contemporaine : comment une ville renonce à construire des dizaines d’hectares en centre-ville au profit d’un parc, d’un fleuve, d’un grand espace public. Il s’agit d’une décision urbanistique majeure. Le parc se compose de bosquets définissant des sortes de clairières qui sont autant de lieux publics. Les lignes d’arbres plantées irrégulièrement mais toujours perpendiculairement à la rive, fonctionnent comme les coulisses d’un décor : le long des promenades parallèles au fleuve, elles sont des silhouettes forestières dont la densité, la transparence et la porosité varient. Selon l’orientation des anciennes parcelles industrielles, ces « coulisses » orientent les vues et organisent les déplacements vers le fleuve avec une grande fluidité, préfigurant l’ancrage géographique du futur quartier.
Nous avons contribué en tant qu’assistant à la maitrise d’ouvrage, à la réalisation de deux tranches avec de faibles moyens (séquence Queyries). La séquence Brazza constitue à ce titre la dernière séquence à réaliser. Une première phase de plantation de peupleraies a déjà eu lieu au printemps 2015. La réalisation de la séquence Brazza se déroulera également selon la libération des parcelles, les autorisations d’occupation temporaire et les budgets annuels disponibles. Cela oblige à agir simplement, sans dessin prématuré, sans surcharge. Cette économie de moyens conduit à une rigueur conceptuelle dont la lisibilité semble appréciée. Aujourd’hui, beaucoup de bordelais n’éprouvent plus le besoin de quitter la ville pour aller respirer, mais y restent pour profiter des espaces publics, ceux de la rive gauche bien sûr, mais aussi progressivement ceux qui préfigurent le grand parc de la rive droite.
Ville de Bordeaux, DGST, Direction des projets d’infrastructures paysagères
MDP Michel Desvigne Paysagiste (mandataire)
IHA Inessa Hansch Architecte
Artelia Bordeaux
75 ha
Nombre d’arbres plantés :
Sequence Queries : 20 ha – 4108 arbres
Sequence Brazza : 10 ha – 1930 arbres
Total : 30 ha – 6038 arbresPROJETS EN RELATION