Un projet réinterprétant l'engawa

Albert Kahn crée de 1895 à 1920, sur ses terrains acquis au fil du temps, un étonnant Jardin-Monde. Ce ‘répertoire’ paysager composé d’un jardin anglais, d’un jardin alpin-japonais ou d’une forêt vosgienne est inscrit à l’inventaire des monuments historiques en 2015.

La même année commence les travaux du nouveau bâtiment conçu par l’architecte Kengo Kuma et qui s’inspire de la relation particulière d’Albert Kahn avec le Japon. Un riche dialogue s’instaure alors entre bâtiment et jardin au travers d’un élément emprunté à l’architecture traditionnelle japonaise : l’engawa, cet espace limitrophe entre intérieur et extérieur.

La réinterprétation de cet élément permet de tisser un lien entre les différents éléments du site et de mettre en scène le rapport du dehors et du dedans, de la ville, du musée et du Jardin.

L’entrée du musée devient un espace intermédiaire entre les rues adjacentes et l’entrée du Jardin. Transformée en une rue jardinée, cet espace public se fait l’antichambre du Jardin et devient une nouvelle pièce de la collection Albert Kahn.

Une fois dans le musée, l’engawa se matérialise sous la forme d’un déambulatoire qui longe le bâtiment et permet d’entrer au Jardin d’une multitude de façons. De larges dalles de pierres appelées 'Kutsu - nugi - ishi'  ou ‘pierres de déchaussement’ en ponctuent la limite et sont autant de seuils permettant de rejoindre les allées.

Le parcours est ensuite conçu comme méditatif et initiatique, rythmé par de riches textures et des masses végétales créant des ambiances contrastées. Par endroit, la dimension verticale du jardin est accentuée par l’étagement exagéré de strates végétales.