Quel statut, quelle qualité donner à la limite séparant le Campus Sud de l’étendue agricole du plateau de Saclay ? Comment concevoir ce «tiers espace» qui doit pouvoir combiner une grande diversité de fonctions ? Comment organiser son évolution, sa gestion et sa valorisation nécessairement distribuées entre de multiples acteurs, et relevant de logiques et de modèles économiques variés qu’ils soient marchands ou collaboratifs ?
Ces questions sont parmi les plus passionnantes du projet d’aménagement. La lisière se révèle comme l’un des éléments les plus structurants du projet Paris-Saclay. Ce projet emblématique concrétise une idée qui prend du sens dans la société contemporaine : celle d’une puissante recomposition des territoires péri-urbains. Il est un magnifique laboratoire pour aborder ces enjeux de transition spatiale qui se posent en réalité dans une multitude d’autres contextes. Ce point constituait d’ailleurs l’un des axes forts de notre contribution au sein de l’équipe de Jean Nouvel pour la consultation internationale sur le Grand Paris en 2009.
La lisière du Campus Sud n’est pas un simple trait, une limite de démarcation matérialisant la stabilisation temporaire du front urbain. Elle s’épaissit, s’enrichit, jusqu’à devenir le lieu où peut se rejouer la réconciliation de deux mondes que l’on a longtemps opposé : la ville et la campagne.
La lisière nord du parc-campus représente une superficie d’environ 500 hectares, soit plus du double des îlots bâtis. Elle est constituée d’espaces paysagers déjà présents comme la forêt domaniale de Palaiseau, le Bois de Normandie et celui de Vauhallan, et de nouveaux ensembles. Si elle offre une structure de continuité forte, c’est un paysage composite, un ensemble d’entités spatiales contiguës, de tailles, de typologies, de fonction et de modes de gestion différents. La lisière s’articule également avec la chaîne des lieux majeurs pour définir l’échelle des quartiers compacts. Elle permet aussi d’intégrer des éléments atypiques existants ou à venir, et notamment les bâtiments les plus éloignés du cœur de campus dont les échelles et les thématiques sont très variées, et parfois imposantes. Ses composants peuvent être classés selon deux principales catégories de paysage :
– le paysage naturaliste s’appuie sur les structures boisées environnantes qu’il prolonge. Il tient compte du site forestier qui le constitue de telle sorte que les constructions se combinent dans un paysage de prairies, de bassins, de grands bosquets d’arbres. La forêt paraît augmentée, entièrement accessible. Elle forme à son tour un prolongement des lieux habités. De vastes clairières accueillent de grands terrains de sports ou des ensembles bâtis.
– le paysage intermédiaire se pose en articulation entre les grands champs agricoles du plateau et le cœur de la ville campus. La proposition donne de la qualité au site sans le bousculer. Il s’agit de travailler cette terre par des techniques économiques, de s’orienter, non pas vers l’idée de la mise en place d’une nature à contempler, mais vers l’intervention d’un lieu de pratiques, d’activités et d’échanges. Le paysage intermédiaire est une petite campagne domestique. Il reconstitue une échelle adaptée au piéton dans un espace aujourd’hui fragmenté et pratiqué le plus souvent en voiture. Il est arpentable et facilite les liaisons à pied ou en vélo entre les communes du plateau et de la vallée.
C’est par son enracinement avec les usages du territoire, au premier rang desquels l’agriculture, que le projet tirera toute sa pertinence. Il comporte ainsi une dimension agricole adaptée au contexte urbain du campus. L’utilisation de techniques empruntées à l’agriculture permet également de répondre à des besoins techniques comme le stockage de terres végétales, de matériaux et d’eau, l’installation de pépinières, et de mettre en place une ingénierie écologique qui contribue à la transformation du site. Son caractère évolutif fait de la lisière un paysage vivant et habité.
Le projet de lisière caractérise le projet urbain, il est un écrin et une adresse, il participe de l’identité et de l’attractivité des quartiers, pour les usagers et habitants comme pour les visiteurs, à l’échelle métropolitaine du Grand Paris.
Etablissement public d'aménagement Paris-Saclay (EPAPS)
MDP Michel Desvigne Paysagiste (mandataire)
MOE Technique:
Artelia
Confluences
170 ha