PROCESSUS DE SUBSTITUTION ET DE TRANSFORMATION
GRAND PRIX DE L'URBANISME 2011

Processus de substitution
Certains tracés agricoles correspondent à un travail ancestral et à une qualité de sol inaliénable. Pour transformer de tels territoires, je propose de n’agir que sur la nature de ses composants, de les substituer par d’autres. Tout reste en place mais tout se transforme.

La commune d’Issoudun a préempté un ensemble de petites parcelles inondables le long de la Théols en centre-ville. Nous sommes en charge de leur transformation en parc public. Le dessin du parcellaire est médiéval. Malgré l’extrême dégradation du site, nous sommes sensibles à l’histoire du travail de cette terre horticole. Nous imaginons un processus de substitution de ces traces horticoles : tout reste en place mais tout change de nature. Des haies remplacent les clôtures, des parterres de fleurs succèdent aux planches des potagers abandonnés, des vergers ornementaux et des prairies fleuries remplacent les friches. Le sol reste intact. L’ensemble est accessible au public qui, très vite, trouve ses repères dans ce parc où tout est nouveau mais où tout semble familier.

Le processus de substitution n’est pas simplement déductif, et dans le travail de transformation des traces par le dessin, je retrouve le plaisir des « jardins élémentaires ». Il s’agit bien d’architecture.

Les jardins, prototypes, laboratoires, sont les lieux de la mise à l’épreuve du « langage paysager » transposé. Ce langage peut ensuite être déployé sur un vaste territoire.

 

Le projet de territoire comme processus de transformation
Tout comme les mécanismes naturels, j’observe des territoires agricoles avec les usages, les procédures, les pièces qui le constituent. Faire un projet, modifier le territoire, c’est agir sur le « langage », c’est imaginer non pas une forme, mais un processus de transformation.

Dix ans séparent les deux projets d’Issoudun. Le parc de la Théols est le prototype du paysage d’Issoudun. La ville est banalisée par son étalement récent et sa géographie n’est plus lisible. Je développe deux axes de recherche : le traitement des limites entre habitat et agriculture, et la transformation des vallées. En périphérie nous repérons des lambeaux de parcelles agricoles, parmi et au-delà des lotissements, constituant des sortes de « coulisses » autour de la ville. Nous proposons l’achat et la plantation progressive de ces parcelles à l’image des vergers qui autrefois ceinturaient certaines villes médiévales. Ces parcelles deviennent ponctuellement l’espace public des lotissements et forment ensemble des promenades, tout en définissant une nouvelle silhouette pour la ville et ses futures extensions. Il s’agit là encore de mécanismes de substitution, la « composition » de ce paysage est déterminée esthétiquement. Ni restauration, ni reconquête, c’est une invention singulière.