PROCESSUS PLUTOT QUE PLAN-MASSE
GRAND PRIX DE L'URBANISME 2011

Chartes et prototypes
Nous connaissons les limites des documents réglementaires. La complexité de la transformation du territoire les rend particulièrement inopérants. La conception d’études de cas et la réalisation de « prototypes » permet de fonder une esthétique de cette transformation tout en rendant possible le partage d’une culture. Cette culture concerne autant les procédures de projet que les choix de matériaux. Il s’agit d’une sorte de « pédagogie » empirique.

Processus plutôt que plan-masse
Le territoire a des composants multiples qui n’évoluent pas toujours simultanément. Un plan-masse, comme outil de conception, fait l’hypothèse de leur improbable évolution simultanée. En identifiant les seuls composants en évolution – les problématiques –, il est possible de concevoir les modalités de leurs transformations individuelles. Des dessins multiples et successifs permettent d’envisager les interactions entre les mécanismes. La cohérence et l’éventuelle beauté du territoire produit viennent de la lisibilité de ses mécanismes de constitution, comme c’est le cas pour un territoire agricole.


2002. Charte du paysage de la ville de Bordeaux.
2004. Plan guide Bordeaux-Rive droite.
Si les espaces publics majeurs du centre-ville de Bordeaux font l’objet de transformations spectaculaires (aménagement des quais et accompagnement du tramway), son paysage général apparaît indéterminé. En effet, la ville, de faible densité, est très étalée. Ses espaces verts, d’une répartition et d’une qualité inégales, ne composent pas une structure lisible à l’échelle de cette ville diffuse. Les élus de Bordeaux souhaitent se doter d’une « vision » pour la transformation de ce paysage et d’outils – une charte – pour sa construction cohérente.

La méthode que nous proposons procède par études de cas, à la fois pour définir un langage fondateur de la charte, mais aussi comme mode exploratoire de la globalité de ce territoire complexe. L’élaboration d’une dizaine de projets, sur un an, permet de définir une esthétique et de partager une culture commune avec les acteurs de ce territoire. Cette culture concerne autant les procédures de projet que le choix de leurs matériaux. Chaque mois nous nous livrons à un exercice collectif in situ : pour chaque lieu nous identifions strate par strate les problématiques (unités spatiales, limites, typologie, nivellement, sols, structures végétales...). Strate par strate, parmi toutes les hypothèses de transformation envisageables, nous élaborons les processus de choix. Nous développons cette pédagogie empirique jusqu’à la réalisation des prototypes. Cette expérience se substitue aux documents réglementaires classiques.

Simultanément, nous contribuons à l’établissement d’une sorte de plan directeur du paysage et à un plan guide pour les rives de la Garonne. Les études de cas nous donnent la mesure des différents « tissus » composant la ville, de leur transformation possible. L’esthétique développée a vocation à s’étendre à l’échelle du territoire. Nous proposons de vastes continuités géographiques, longeant le fleuve, se substituant à de grandes infrastructures, s’immisçant dans les quartiers selon d’anciens tracés hydrauliques. Nous définissons les dimensions nécessaires à ce paysage comme préalable aux modifications des règles de constructibilité.