Le Biesbosch, territoire deltaïque, est aujourd’hui un polder agricole contenu dans des digues. Anticipant les conséquences des évolutions climatiques, il s’agit d’imaginer la transformation de son fonctionnement hydraulique. Au-delà de la transformation des digues pour permettre et contrôler le stockage de l’eau en période d’inondation, nous proposons de jouer avec les singularités de son paysage deltaïque.
Parmi les mécanismes qui lui ont donné forme il existe un fascinant phénomène d’inversion :
Le drainage des parties cultivées a abaissé leur niveau alors que le lit sableux des anciennes rivières est resté stable. De sorte qu’il s’agit d’un paysage en négatif ou les sillons des rivières sont devenues des arrêtes hautes.
Nous proposons de sur creuser une partie des anciens lits pour offrir plus de fluidité aux écoulements d’eau en période d’inondation. Mais nous proposons aussi d’utiliser les matériaux de ces excavations pour surélever d’autres lits, il s’agit d’accentuer le phénomène d’inversion en élevant une partie des anciennes rivières marines jusqu'à être toujours hors d’eau.
Fondé sur la géomorphologie, il s’agit de la construction d’un tissu de plateformes artificielles sur lesquelles on peut circuler et vivre. C’est un paysage négatif du delta, une sorte d’empreinte inversée. Certaines rivières perchées pourraient accueillir des quartiers en balcon sur des paysages naturels, tous reliés entre eux par le tissu des anciennes rivières. La ville et les constructions deviennent à leur tour l’empreinte et la mémoire des formes du delta.
Biennale Internationale d’Architecture de Rotterdam ( IABR, 2005)
Michel Desvigne, Paysagiste
WINN (Ministerie van Verkeer en Waterstaat),
RIZA (Rijksinstituut voor Integraal Zoetwaterbeheer en Afvalwaterbehandeling)
80 ha