Summer park, Governors Island

New-York, Etats-Unis

Summer park, Governors Island

New-York, Etats-Unis

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Quel sens donner aujourd’hui à un parc créé en ville ? À quels usages renvoie-t-il ? Quel rapport un parc entretient-il avec la nature ? Ces questions sous-tendent la réflexion menée à Governors Island qui, non loin de Manhattan, est une île urbaine, destinée à une population d’urbains.

Governors Island est historiquement la résidence des gouverneurs britanniques de New York. La surface de l’île est importante (1,5 km x 800 m), et Summer Park s’étend sur une superficie non négligeable : 1 km x 700 m.

Le projet s’est orienté, non pas vers l’idée de la mise en place d’une fausse nature à contempler, d’une manière passive, mais vers l’invention d’un lieu de pratiques, d’activités et d’échanges.

Créer une nature artificielle, un décor, nécessiterait ici, sur ce terrain qui est un remblai pauvre, l’apport de grandes quantités de terre, ce qui est écologiquement absurde. Il s’agit au contraire de mettre en œuvre à Summer Park des techniques immémoriales utilisées notamment sur le sol américain, comme par exemple le compostage et la rotation de cultures. On sait que certaines de ces pratiques permettent de dépolluer les sols, de les fertiliser. La proposition consiste à donner de la qualité au site sans le bousculer.

En faisant appel à ces pratiques agricoles rudimentaires, Summer Park prendrait immédiatement un sens et une cohérence, ainsi qu’une qualité architecturale familière et ludique. Le résultat acquerrait d’emblée la signification d’un espace physiquement praticable et compréhensible.
Une mosaïque de prairies et de canaux d’irrigation est mise en place, immédiatement spectaculaire et familière. À cette mosaïque se superpose toute une stratification de couches, de sens, de nature et de rythmes différents.

Simultanément, il s’agit ainsi de définir la structure spatiale par le biais des boisements. Partant de la grille de Jefferson qui définit le plan des villes et du territoire américains, et que chacun a éminemment présente à l’esprit s’agissant de Manhattan, on a établi une matrice qui fonctionne également comme stratégie de développement.

À partir de cette trame sont définis des lieux de boisement de densité variable, accueillant des pleins, des vides, mais aussi, ce qui est une partie intégrante du projet, les nombreux bâtiments et infrastructures sportives et de loisirs qui vont être construits sur Governors Island. A l’opposé de Central Park qui est une sorte de nature contenue dans une grille, Summer Park étend sa grille à l’ensemble de l’île, assurant une certaine cohérence d’ensemble. Dans le temps, les contours de la grille sont amenés à s’estomper et même à disparaitre, laissant place à toute la naturalité du site.

Summer Park est ainsi l’occasion de mettre en œuvre diverses strates d’expérimentation, lisibles et appropriables par tous, liant les rythmes de la vie urbaine à ceux de la nature au travers d’une structure paysagère directement inspirée des procédés et vocabulaire agricoles. Ces propositions pourraient être développées, notamment aux États-Unis, pour remédier au problème critique du très grand étalement urbain. Pour recréer une densité et réinventer une qualité à ces immenses franges où se juxtaposent sans transition des lotissements gigantesques et les territoires sans fin de l’agriculture industrielle extensive.

 

data
Année :
2007
Statut :
Concours
Programme :
Parcs, Espaces publics, Projets culturels
Maîtrise d'ouvrage :

The Trust for Governors Island

Équipe :

MDP Michel Desvigne Paysagiste
REX architecte

Superficie :

70 ha