ALZETTE-BELVAL MICHEVILLE

PAYS HAUT VAL D'ALZETTE, FRANCE

ALZETTE-BELVAL MICHEVILLE

PAYS HAUT VAL D'ALZETTE, FRANCE

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Dynamique d’un territoire transfrontalier post industriel
La Communauté de Communes du Pays Haut Val d'Alzette, située au nord de la Lorraine, est limitrophe du Grand Duché de Luxembourg. Au cours des deux dernières décennies, le Pays-Haut Lorrain a subi de très profondes mutations économiques. La perte de ses industries sidérurgiques et minières a fortement marqué la région. Dans le même temps, l'attractivité grandissante de l'économie luxembourgeoise a créé de nouveaux emplois pour les habitants des zones frontalières sans que les politiques publiques des deux pays ne les aient réellement prises en compte.

Le projet de développement de ce territoire entend profiter de cette situation paradoxalement prometteuse, pour attirer des entreprises, offrir un cadre de vie et des services aux populations actuelle et nouvelle.

En 2011 est lancée une Opération d’Intérêt Nationale. Celle-ci est atypique car ici elle ne se rattache pas à une vaste métropole et ne se résume pas à la construction ou la réhabilitation d'un quartier. Cette OIN entend établir un cadre de vie de qualité à l’échelle territoriale. Ce processus de transformation territoriale repose sur la compréhension et la mise en cohérence de ses structures paysagères. La recherche d’une mixité des fonctions urbaines, la réinsertion des friches industrielles, le renouvellement de centres anciens, l'amélioration de la qualité résidentielle dans les secteurs denses mais aussi périurbains, devront s’établir en tenant compte des espaces naturels, des sites et espèces à protéger présents sur le territoire. Seconde spécificité de l'OIN Alzette-Belval : elle porte un projet transfrontalier. Le projet français est dépendant mais aussi complémentaire du projet luxembourgeois d'Esch-Belval.

Révéler et amplifier les structures paysagères existantes
Ce territoire de 7294 ha regroupe des paysages urbains et ruraux contrastés, situés entre le plateau, les vallées d’Alzette et de Kayl, et la plaine de Beler. Les activités d’extractions minières et sidérurgiques ont imposé leurs logiques spatiales à l’urbanisation. Elles ont profondément remodelé les reliefs et les paysages. Les sites désaffectés sont spontanément réinvestis par une végétation pionnière. De sorte qu’ils offrent aujourd’hui une structure paysagère nouvelle, aux dimensions remarquables.

Le Plan Guide et le programme d’actions étudient l’ensemble des structures paysagères et environnementales existantes, pour mieux les révéler et les amplifier au profit du grand territoire. Cette démarche contextuelle cherche à valoriser les friches pour leurs dimensions patrimoniales, naturelles et culturelles. Elle invite à une inversion du regard. Les grandes formations végétales naturelles, mais aussi la géographie « artificielle » des vestiges industriels réappropriés deviennent les supports d’une charpente paysagère à l’échelle du territoire.

Au nord, la plaine de la Beler se déploie jusqu’au Luxembourg. A l’écart du foyer industriel, elle se caractérise par un paysage agricole non remembré dont le parcellaire est encore partiellement souligné de haies bocagères. La présence de nombreuses dépressions humides en fait une aire d’une grande richesse écologique. A l’est, ce paysage relativement préservé évolue cependant : la plaine est marquée par plusieurs friches industrielles remarquables, situées à la frontière luxembourgeoise (Redange). Au sud le plateau d’openfields se caractérise par ses vastes étendues cultivées, fragmentées par les grandes infrastructures linéaires (autoroutes et voies ferroviaires), uniformisées par la monoculture et ponctuées de rares boisements d’épicéa.
A l’interface entre Pays haut et Pays bas, les vallées encaissées d’Alzette et de la Kayl composent des couloirs densément construits et boisés, encombrés de friches et de crassiers.
L’ensemble du territoire est maillé de cavaliers : ces anciennes voies ferroviaires sont des liens potentiels pour articuler les déplacements entre les différentes unités précitées.

Figures paysagères et enjeux d’aménagements
Quatre figures paysagères joueront un rôle structurant, en révélant des lieux et des liens.

1. Le parc agricole transfrontalier de la plaine de Beler.
Un grand nombre d’opérations d’urbanisation sont concentrées sur ses franges. Préserver cette poche rurale et ses richesses écologiques (zones humides) passe par la création d’un parc agricole, une pièce centrale entre le Luxembourg et les coteaux urbanisés. Son aménagement est l’opportunité de réinterroger les relations entre ville et campagne, de définir une certaine mixité d’usages, de construire un équilibre nouveau entre fonctions productives, récréatives et écologiques (création de cheminements le long des parcelles, observatoires, réserves).

2. Le parc des bassins.
A Redange, les sites désaffectés des bassins de décantation et de l’ancienne piscine à ciel ouvert pourront constituer un paysage d’eau unique à l’articulation entre le Luxembourg et la France. Ils seront requalifiés en parc récréatif et animés d’une programmation originale. A terme, ils créeront un lieu familier et partagé, réunissant luxembourgeois et français.

3. Le parc naturaliste Micheville.
Au contact même de Thionville, la friche Micheville est aujourd’hui un espace de nature unique. Repenser la friche comme un parc naturaliste à vocations récréatives et écologiques apportera au tissu urbain limitrophe une qualité nouvelle. Nous imaginons pour cela des aménagements sobres, flexibles et autant que possible réversibles, une programmation d’activités de plein air spécifique, et enfin la mise en scène appropriée des vestiges singuliers (crassiers, reliefs, front de tailles). Cette réappropriation nécessite un travail fin sur les connexions physiques et visuelles avec le contexte urbain : la définition et la localisation des entrées, le tissage de cheminements entre ville et parc.

4. Un maillage de voies cyclables régionales.
S’appuyant sur d’anciennes voies ferrées à l’abandon, un réseau de voies vertes peut être déployé à une échelle régionale pour structurer les déplacements entre plateau agricole et vallées urbanisées.
En plaine, ce maillage est l’opportunité de jalonner les espaces ouverts de continuités boisées, semblables à celles qui cadraient autrefois les routes et participaient à la découverte des paysages. Il est surtout le moyen de reconstituer entre des unités forestières morcelées par les activités agricoles des corridors faune/flore aujourd’hui disparus. En milieu urbain, ce maillage est l’occasion de repenser les profils viaires, d’introduire la végétation et les modes de déplacements doux dans des rues reconfigurées et apaisées.

data
Année :
2018
Statut :
En cours
Programme :
Grands territoires, Quartiers et stratégies urbaines, Espaces publics
Maîtrise d'ouvrage :

EPA Alzette Belval

Équipe :

MDP Michel Desvigne Paysagiste (lead consultant)
EGIS
Ville Ouverte

Superficie :

7300 ha